« C’est au début des années 70 que Monsieur Hans Schaffner, architecte, s’est passionné pour la construction de villas contigües inspirées des réalisations nordiques, puis suisses alémaniques.
Dès lors, un courrier fut adressé à une vingtaine de communes de la région lausannoise, courrier qui décrivait le type de construction envisagé et qui demandait aux autorités dans quelle mesure elles seraient intéressées à une telle réalisation sur leur territoire communal, et en cas d’intérêt, si elles disposaient de terrains.
Deux communes répondirent positivement :
– La commune de Lutry qui s’est déclarée vivement intéressée à ce type de construction, mais qui malheureusement n’avait pas de terrain à proposer.
– La commune de Bussigny, fort positive, signalait l’existence des terrains de M. Auguste Villoud, agriculteur, proche de la retraite et désireux de vendre le terrain « En Dallaz ».
Les premiers contacts furent positifs et aboutirent à la signature d’une promesse de vente liée à l’acceptation par les autorités communales et cantonales d’un plan de quartier permettant la réalisation envisagée.
En effet, la réglementation autorisait la construction d’une quinzaine d’immeubles locatifs et devait être adaptée pour permettre la réalisation de villas contiguës.
La démarche fut longue compte tenu du caractère novateur du projet. Il s’agissait en effet de la première réalisation de ce type dans le canton. A ce sujet, une petite anecdote : un voyage fut organisé en Suisse allemande afin de présenter à la Municipalité et à une délégation du Conseil Communal diverses réalisations comparables. L’un des architectes présentait sa propre villa dans laquelle il avait aménagé une salle de bains ouverte sur la chambre à coucher. Les Bussignolais en frémirent et l’ont craint l’échec de la démarche, les édiles s’inquiétant que le quartier « En Dallaz » soit habité par des farfelus.
Finalement le projet de plan de quartier fut soumis à l’enquête puis présenté au Conseil Communal. Il prévoyait des maisonnettes contiguës composées d’un module principal à deux niveaux avec toiture plate, avec possibilité de réaliser dans un second temps soit une annexe à l’habitation principale (logement fille au pair, d’un parent nécessitant une aide ou d’un enfant grandissant), soit un local à usage de salle de jeux ou de bricolage, ou encore permettant une activité professionnelle.
Ce principe fut vivement débattu et le Conseil Communal conclut que cette proposition risquait de provoquer un chantier permanent, chacun réalisant à tour de rôle en fonction de ses besoins ou de ses moyens. Les annexes furent donc supprimées et leur surface fut transformée par l’adjonction d’un étage de combles sur les modules principaux.
Le plan de quartier accepté, la phase de projet définitif puis de construction fut engagée, ce qui souleva de multiples problèmes :
– Aucun promoteur ne crut à la démarche et le bureau Schaffner assura en liaison avec l’entreprise Büchel (entreprise de construction en bois) la réalisation clé en main.
– Aucun courtier ne s’intéressa à la vente des villas et ce furent les collaborateurs du bureau Schaffner qui jouèrent ce rôle.
– Les banques furent particulièrement frileuses et dans le cadre de la première étape qui comprenait la réalisation de 25 villas, l’une d’elles finit par octroyer le crédit pour 10 villas, puis par tranche de 5 villas supplémentaires, dès que 5 puis 10 villas, etc. eurent trouvé acquéreurs.
– Le bureau Schaffner n’ayant pas les moyens d’acquérir les terrains, il trouva en M. Vuilloud un partenaire exemplaire puisqu’il accepta de vendre directement chaque lot de terrain aux acheteurs de villa. C’est ainsi qu’il se rendit près de 150 fois chez le notaire pour signer les actes et bien évidemment pour le verre de l’amitié, ce qui agrémenta de façon sympathique sa retraite.
Bref personne ne croyait à la réussite de cette réalisation et c’est grâce à la ténacité d’un homme, M. Hans Schaffner, qui libéra toute son énergie sur ce dossier que le quartier « En Dallaz » vit le jour.
La première étape terminée en 1976, les étapes suivantes s’échelonnèrent jusqu’en 1981, sans problème majeur, l’exemple de la première étape sécurisant aussi bien les banques que les acheteurs potentiels.
A noter que l’objectif était de réaliser des maisonnettes à des prix fort attractifs, et que les villas de 5 pièces de la première étape furent vendues au prix de Fr. 187’000.-, terrains, villas, parking, aménagement extérieur, taxes et frais divers compris. C’était là un prix particulièrement performant dû aux objectifs idéologiques de l’initiateur du projet et de l’absence d’intermédiaires, les propriétaires achetant pratiquement au prix coûtant.
Une grande liberté fut laissée aux acheteurs quant aux dispositions intérieures et au choix des finitions. C’est ainsi que certains réalisèrent eux-mêmes une partie importante des aménagements intérieurs et que l’on peut constater une grande diversité d’ambiances différentes.
Ce quartier, premier exemple de ce type d’urbanisation dans le canton de Vaud, comprend 110 maisonnettes et reste encore aujourd’hui le plus important de la région. Il fut visité par de nombreuses communes de toute la Suisse romande, et inspira de multiples autres réalisations de ce type.
A noter que le soutien permanent des autorités communales de Bussigny, notamment du Syndic de l’époque, M. Jean-Louis Girardet et de M. Michel Sauer, technicien communal, fut très précieux.
Voilà en grandes lignes, l’histoire de notre quartier.

Meilleures Salutations
Architram HS SA
(Successeur de H. Schaffner SA)
O. Dépraz